Enfants du trottoir.
Nos pas bouffent les rues, nos regards dévorent chaque ciel de chaque soir. Chaque verre que l'on boit, chaque bouteille de chaque alcool, chaque herbe que l'on effrite, chaque fou rire que l'on invente. Savoure les. Ils existent. Les envies, les projets, les certitudes et les convictions, les dessins, les personnages, les histoires.. Ca existe.
Les anges qui passent au dessus du bordel, les cendres dans lesquelles on marche, les lèvres décousues par l'alcool, les secrets dévoilés, les larmes retenues, les rires exhibés, les étreintes sincères et bancales, les pupilles dilatées et les peurs diluées, la terre que l'on avale, les insectes qui grouillent par milliers sous nos silhouettes ancrées, les avoeux à demi-mots, les silences qui en disent longs, les pieds nus dans l'herbe tiède, les cheveux décoiffés dans le vent timide.
Parfois l'envie de prendre la defense des poissons, et de guider les pseudo magiciens à l'abbatoir, par colère ou par jalousie, par rancune parce qu'on se souvient. On se souvient qu'il y a des années de ça, on s'est fait avoir par un mensonge gros comme la terre, on se souvient parceque même avec la plus grande volonté du monde, on ne peut pas oublier. Alors on entend parler de lui, et on fait comme si. Comme si ça faisait jamais mal.
On glande, on se prélasse dans un drap poisseux et taché de sang, on regarde des séries débiles et on aime ça, on fume des roulées dans de droles d'endroits, on boit du whisky en écoutant de la country, on regarde fondre la cire de chaque bougie, on voit le temps s'accumuler bleu et rouge sur une bouteille de rhum.
Lui, elle, eux. Ceux qu'on echangerait contre rien au monde. Keeps m'a encore fait rire, a encore vomi partout, et même dans les pires moments, sa préoccupation première reste la même : Hair l'humanité. Et ça me fait sourire. Petit Prince pose des feux d'artifices dans ma theière, nous construit un avenir en papier maché comme je les aime. Et on avance. Nous tous, nous toutes, improbables resistants, musique en poche et flingue en main, l'air de tout, terre de rien. Aujourd'hui comme hier, comme demain.