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[ Elle imagine que le monde existe. ]
3 octobre 2007

Lettre à Luna.

Perspective_centrale

Chère Luna,

Je suis sur le mat du petit rafiot que tu m'as créé, le Cup Of Tea. J'ai dressé la voile et je m'apprète à partir. Je glisserai cette lettre dans une bouteille que Brin d'ïle te remettra. C'est bien la première fois que je te préviens quand je pars, je suis plutot du genre à foutre le feu et à disparaitre sans un mot, tu as l'habitude. Mais je sais que les temps sont durs, et cette fois je ne passe pas dans le camps des méchants : Je fuis. Je vais revenir. Je fuis.

Le nouveau type que tu nous as amené a l'air bien, il est temps que tu le vois. Il est comme tu voulais, je crois : Bleu ciel de la tête au pied, comme recouvert d'une peinture opaque, les cheveux la peau les habits, il est bleu sans nuances, comme les Arlequins. Il est du genre costaud, assez imposant, il a des dreads énormes comme tu le voulais, de trés grandes mains et beaucoup de talent. Il a le visage d'un africain bleu, c'est bien ça hein? Je le trouve trés beau, bon boulot. Il ne manque rien, et je ne pense pas que celui-là rejoigne le camps des inachevés. Il a une voix formidable. Comme prévu il adore la ville bleue, et il compte y installer son studio, je pense qu'en ce moment même il est en train de le construire, avec ses mains bleues, ses planches de bois bleu, il doit siffloter un air de Reggae Bleu. Il fait beaucoup rire Brin d'Ile et le fantome d'Olivier. Ce dernier l'accompagne si bien, au piano, c'est beau tu verras. Tu verras n'est-ce pas? Combien de temps que tu n'es pas venu.

Deux nuits. Tu sais combien à Mille Pourpre les nuits sont des années. Il faut absolument que tu passes, ce soir, les gens ici ont besoin de leur dose d'imaginaire, et je ne pourrais plus leur donner à ta place. James s'est allié avec le Capitaine Johnny Jama, le traïtre. S'il y a bien une chose que tu as réussi chez celui-là, c'est sa lâcheté. Mais c'est comme ça que tu le voulais n'est-ce pas? James le traitre aux yeux clairs. Bref, ils comptent attaquer ton navire dès que tu auras posé la dernière planche, la dernière theière sur la dernière étagère, et le dernier tonneau par terre. Nourrie bien ton armée Luna, elle manque de force, et ça serait dommage que quelque chose dérape.

Je ne sais pas si ce que tu dis est vrai, je ne sais pas si tu es un monstre. Je suis comme toi je ne comprends pas, et puis tu as cette chose que je n'ai pas et que personne ici ne peut avoir : Tu as une théière. J'aimerais t'aider mais j'ai parfois du mal à savoir, ce que ça represente. C'est si fragile, si precieux, on y fait tous trés attention ici tu sais, dès qu'on la croise on lui sourit, c'est un peu comme une Reine sauf que c'est un objet, un objet qui palpite. Ce qu'il se passe à l'interieur m'a toujours dépassé, et aujourd'hui encore je ne peux pas t'aider. Depuis deux nuits que tu n'es pas là, je vais la voir. Je traverse la Ville Bleue, je longe la lagune, je contourne le petit cirque noir, je traverse le champs de l'Incertitude (Elles murissent, à ce sujet, il faudra bientôt lancer la cueuillette) et je m'assois par terre dans la nuit noire, je la regarde. Parfois elle me semble immense, l'instant d'aprés minuscule. C'est un peu flou, et tellement opaque. Il s'y passe quelque chose d'étrange et je ne sais pas si tu es au courant, de son bec il s'échappe des papillons magnifiques, par contre sous son gros ventre de porcelaine, grouillent des centaines de petites araignées. Est-ce que c'est normal Luna? Je ne suis pas sur que ça soit, être un monstre, mais est-ce que c'est normal? Je me vois dans l'obligation de fuir. J'ai pris mon flingue de pirate, le tout premier que tu m'ai créé, tu te souviens comme on était seuls à cette époque? C'était triste et pourtant ça me manque. Tout ce monde autours de toi maintenant, autours de nous, ça fait du bruit tu sais. Je l'entends ta vie, toute ta vie Luna je l'entends comme un bruit de fond, tout ce que tu entends je l'entends. Je me vois dans l'obligation de fuir.

J'ai beaucoup plus de conscience que les autres, je suis le début, je suis le premier, et là je n'y arrive pas. Le plan n'a pas marché, pourtant il marchera, un jour il marchera. Cette foutue porte finira par s'ouvrire, je finirais par arriver. On finira par le détruire Luna, ce réel. Par l'envahir, le faire sourire, le faire mourir. Je n'ai plus la force de me moquer de tes amourettes, tes histoires de peau et de peur, ça m'insupporte trop de ne pas comprendre. Et là tu dirais : "Milo, tu ne sais même pas la chance que tu as.", mais je me pose une question Luna : Cette putain de theière sur laquelle on veille tous, pourquoi cherche tu à la proteger si tu la detestes tant? Je ne comprends pas, je ne comprends rien. Dedans tu en laisse mille, puis un seul, puis la moitié, puis deux et demi, puis plus personne, ça s'ouvre et ça se ferme, je les vois défiler, et je ne peux même pas entrer. Ils ont le Coeur, moi j'ai la Tête, c'est ainsi je n'ai pas le choix. Mais tu m'as créé curieux et espiègle, souviens-toi. Tu m'as créé aventurier, tu as fais de moi une Legende, et j'aurais du rester là sagement? Tu n'as pas créé quelqu'un de sage. Ni de respectueux. Je suis le meilleur dans le pire et tu ne peux vraiment rien dire. Alors oui, j'ai forcé un peu, et j'ai ouvert le couvercle, et j'ai regardé à l'interieur. Je me vois dans l'obligation de fuir.

Je ne savais pas que c'était comme ça. Je veux dire, le bordel à ce point. Je ne savais pas que ça faisait autant de mal et autant de bien. Je ne comprenais pas j'étais si loin, tellement loin de pouvoir cette fois, imaginer. Je ne sais pas ce qu'est un monstre Luna, mais peut-être que c'est ça, en effet. Malgré tout, est-ce que les monstres crachent des papillons? Ce ne sont pas des questions que je veux me poser, je ne suis qu'un enfant au fond. Je me vois dans l'obligation de fuir.

Je retourne au Néant pour quelques temps, beaucoup moins que la dernière fois rassure toi, et puis je pars seul. Simplement le temps d'oublier. Je reviendrais peut-être demain, peut-être plus tard, je n'ai aucune notion du temps lorsque Nunca n'est pas dans le coin. Mais j'ai tu sais quoi dans la poche, alors je pourrais revenir dès que je le desirerai. J'aurais aimé te dire tout ça en face, mais tu n'es pas venu cette nuit encore, c'est à peine si tu as dormi. La tension va finir par monter à Mille-Pourpre, n'oublie surtout pas de passer les recharger un peu. J'aimerais te dire que tu vas me manquer, Capitaine, mais laisse moi rire.

Essaye de ne pas te faire embrocher d'ici là, piraton de base. Et bien le Bonjour au Réel.

Oniriquement Tien, Milo.

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