Conviction piégée.
Des cafés blindés de monde, qui fument, qui parlent, laissent courir le monde, fatigués de le voir. J'observe. La rue. Ils jetent leurs mégots, leurs papiers, leur dégout sur le trottoire. La nuit on les voit vomir sur le bitume, sans pudeur puisqu'ils savent que personne n'y échappe, les idées vivent, les idées meurent. Que celui qui n'est pas l'un des notres, me jette la première Terre.
Ils mettent leur carte de plastique dans des machines qui leur donne du papier, et sans même me poser la moindre question je les imite. Qui ne le fais pas? Ils enragent lorsque la bagnolle tombent en panne, ils mangent des pizzas en regardant le monde mourir dans une petit cube plein d'images tristes. Comment pourraient-ils voir autre chose que ce qu'on leur montre? Je met de côté une olive de la pizza, distraitement. Un enfant meurt, réellement.
Les immeubles se construisent, toujours plus hauts, plus gris, plus moches. On détruits un champ par ci, une fôret par là. Sur la pyramide sociale, maman est en bas, mains et genoux à terre, son dernier souffle dit qu'elle ne se laissera pas faire. Ils vont prendre la maison, notre maison, avant même qu'on ait pu l'effleurer. Je fais tourner le mot Justice entre mes doigts, et puis sans un regard je le laisse tomber, j'écrase ma clope dessus, avec mon pied. Il y a des choses auxquels je ne peux plus croire.
Trois pas, je m'arrète, me retourne. Je trottine, je ramasse le mégot je le fous dans ma poche, je jette un oeil au vieil arbre sous grillage qui décore le trottoire. Juste parce qu'il me reste malgré tout. Une ou deux convictions.