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[ Elle imagine que le monde existe. ]
12 juillet 2007

Terminaison nerveuse.

who_are_you

 

L'émergence d'une idée a quelque chose de trop mathématique, de trop analogique pour moi. J'écris ça comme une réponse, une réponse désuette que tu ne liras pas, car enfin à quoi bon répondre puisque rien ne m'est destiné. Mais voilà je suis comme ça, si je pouvais intercepter tous les courriers, je lirais toutes les lettres, celles d'amour et celles de rupture, et je leurs répondrais. Je ne répondrais pas aux auteurs, je répondrais aux mots eux-même. Il faut bien que quelqu'un leur parle.

Mes idées à moi ne traversent pas le magma en fusion du noyau terrestre, mes idées à moi font demi-tour bien avant. Lorsque l'une d'entre elles tente de s'enfuir, les autres la retiennent, et la voilà happée par le flot raisonnable d'idées déjà conçues, conçues par d'autres en d'autres temps. Idées qui ne sont pas miennes, et qui pourtant se tiennent maîtresses de ma petite vérité.

La petite vérité, c'est cette épingle à nourrice cachée dans le tiroir, celle dont on a absolument besoin pour raccommoder de façon précaire le tissus déchiré de la vie trop frileuse. On est tellement certain qu'elle est ici, quelque part, entre les bobines de fil et les vieilles photos, alors on fouille, avec nos mains pleines de doigts on fouille, on pousse, on jette, on cherche, mais on ne la trouve jamais. La petite vérité se contente d'être là sans jamais se montrer, axiome insolent qui sans permission se permet de paraitre absent.

Et tout autour de cette fourmilière que tes salopes de taupes se tuent à foutre en l'air, il y a comme une bulle d'air. L'imagination convulsive qui flotte bien loin de ton magma. L'imagination trop abstraite pour qu'on lui donne un autre nom. Elle n'est relié à rien, et rien ne la retient nulle-part puisqu'elle est déjà partout. Et c'est justement là, partout, que ton idée naissante doit commencer son ascension. Sans passer au travers de l'imaginaire, ton idée pleine de terre ne vaut pas la peine d'être déterrée. Et si Antigone creuse la terre, ça n'est peut-être pas retrouver son frère. Si Antigone creuse la terre c'est qu'elle est elle-même une idée, idée d'Auteur habillée de mots, déjà cent fois adaptée, arrachée à son créateur depuis des siècles. Si Antigone creuse la terre, c'est pour retrouver son foyer. Fatiguée de porter son enveloppe réelle de personnage fictif, elle se souvient bien elle, que comme tout ce qui l'entoure, elle a d'abord été idée. Et le temps passe, milles et unes filles qui ne lui ressemblent pas ont déjà enfilé son costume. Elle et toute son histoire sont fatiguées d'avoir fait trop pleuré, d'avoir été trop lu, trop vu. Si Antigone creuse la terre, c'est pour mieux se faire oublier. C'est une idée ancienne, une idée fatiguée, une tellement bonne idée. Une idée qu'on rêverait d'avoir, que tu rêverais d'avoir je le sais. Tu ne veux pas la lâcher parce qu'elle est dans ton ventre, depuis qu'elle a enlevé devant toi sa robe de mots si bien ponctués, tu ne vis que par elle tu voudrais la faire tienne, comme d'autre l'auront fait avant, et le feront après.

Mais regarde plus loin, met ton petit doigt dans ton nombril, et creuse. Creuse encore et encore, creuse la chaire et le sang, creuse les veines et les muscles, quand tu toucheras la terre creuse encore, des jours et des nuits, creuse sans t'arrêter. A un moment, tes doigts ne sentiront plus ni la chaire, ni la terre, ni le magma. A un moment, tes doigts sentiront l'air frais, flou, et abstrait de l'Imagination. C'est là qu'elle sera. Ton idée sera là, ta petite vérité à toi, et il faudra la chatouiller pour qu'elle se décide. Regarde là bien et dis-toi qu'à son commencement, Antigone était une copie conforme de cette petite chose immatérielle qui se terre dans ton Imaginaire. Chatouille-la, bouche lui les oreilles pour que personne ne la retienne, pousse la un peu, suis la des yeux lors de sa longue ascension, surveille la, et tu verras. Tu verras la terre s'éclater et tu la verras enfin germer, cette idée qui est Tienne, qui n'est pas préconçue. Elle sera ta plus grande fierté, tu l'habilleras de mots et d'images, elle sera vue, elle sera lue, elle sera toujours tienne. Tu lui donneras un début et une fin, tu lui donnera un nom, et si tu as de la chance, elle te survivra encore et encore, elle enfilera d'autres costumes, et dans cent ans peut-être, que les générations futures la verront sillonner les cultures, portant ta signature.

*Et sinon, demain à l'aube je pars pour Amsterdam, serrés à cinq dans une petite bagnole. Des vacances, des vraies. Je desactive ma pensée, j'enterre mes peurs dans un coin, et comme tout bon jeune qui se respecte, je compte bien faire la guerre aux deux neurones qu'il me reste en leur enfumant la gueule.

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Commentaires
F
Bon voyage cap'taine. A 5 dans une petite bagnole c'est là que c'est le meilleur. <br /> Soleil ou pas, profitez bien de la verdure (:
Y
juste pour dire que j'en reviens juste d'amsterdam. il a plut non stop comme vache qui pisse. Tu parles d'un bel été. J'espère qu'il fera beau soleil pour toi.
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